dimanche 21 juin 2009

Ambalat, point sensible des relations entre Indonésie et Malaisie


Si Jakarta et Kuala Lumpur connaissent de nombreuses divergences d'opinions, les tensions territoriales entraînées par les revendications successives de zones maritimes ou d'ilots ne font rien pour consolider un climat de confiance passablement érodée. La dernière affaire en date est celle d'Ambalat. Cette région indonésienne, située sur l'île de Kalimatan (Bornéo) est en partie revendiquée par la Malaisie. Plus exactement, c'est une zone considérée comme faisant partie des eaux territoriales indonésiennes qui attire la convoitise de Kuala Lumpur.

Dès 1999, les deux Etats attribuèrent des concessions à différentes compagnies pétrolières, n'arrivant pourtant pas à s'entendre de façon définitive sur les limitations spatiales de ces dernières. Les conséquences sont sans appel: des incidents permanents entre les deux marines de guerre. Toutefois, un pas a été franchi cette année, avec en ce mois de juin, la riposte armée de la marine indonésienne, ouvrant le feu sur un patrouilleur malaisien. Chaque parti campe donc sur ses positions, même si il convient de noter que Kuala Lumpur semble plus à même de discuter: excuses du chef d'Etat-Major de la Marine malaisienne, proposition de patrouilles communes ( comme à Malacca?), etc.

Plus que l'aspect factuel de ces disputes territoriales, il convient de s'interroger sur la relative inefficacité du cadre légal international à régler ces questions. Si la coopération est prônée pour réduire les risques et appaiser les tensions, il s'avère que cette dernière reste difficile à mettre en place. Pour preuve, les accusations de Jakarta, concernant l'utilisation par la Malaisie d'un sous-marin à proximité de Sulawesi (Célèbes). Ce que nie bien évidemment Kuala Lumpur, arguant que le déploiement d'un sous-marin dans cette région pourrait endommager les récifs coraliens....
Au delà de cette question surgit celle du poids politique de l'armée en Indonésie. S'il ne fait aucun doute que les militaires disposent d'une influence non négligeable dans les sphères du pouvoir indonésien (voir les excellents ouvrages de Rémi Madinier, Stéphane Dovert et Andrée Feillard à ce sujet), ce sentiment paraît encore plus exacerbé quand il est question de revendications territoriales. Les forces armées influencent et parfois dépassent le processus de décision politique dans ce pays. Ainsi, il convient de s'interroger sur le rôle exact des TNI (forces armées indonésiennes) dans ces différents conflits. La caricature jointe dans à ce message l'évoque de façon limpide.
Concernant les revendications en tant que telles, n'étant pas un spécialiste du droit maritime, j'éviterais de m'avancer sur ce sujet. Toutefois, cette question des revendications territoriales s'affirme comme un facteur de risque de premier ordre pour la sécurité maritime dans la région. Il est alors indispensable d'analyser les intérêts des différents acteurs en présence, aussi bien au niveau intra qu'au niveau inter étatique.


** carte: les zones revendiquées par les deux pays. © quotidien indonésien Tempo.
dessin: © http://www.inilah.com . Le petit homme (politique indonésien, mais je ne suis aps convaincu qu'il s'agisse du président actuel, SBY) offre une partie du biscuit Ambalat à un Malaisien tout en déclarant à propos du militaire derrière lui (qui n'est autre que le chef d'Etat-Major) " voila un vilain garçon, n'est ce pas?". En arrière plan, un poster de Soekarno sur lequel il est inscrit "détruisons la Malaisie".

N.B.: Si vous possédez Google Earth, profitez d'une recherche sur Ambalat pour vous déplacer plus au Nord jusqu'à Sipadan . c'est ici que furent enlever les otages de Jolo par le groupe Abou Sayyaf. L'île de Jolo se trouve à 180 nautiques à l'est de Sipadan... ce qui peux vous laisser imaginer la maîtrise de certaines organisations dans les raids nautiques....

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