
Les récents achats de sous-marins anaérobies par les Etats asiatiques sont ils susceptibles de bouleverser l'équilibre des forces dans la région? C'est la question que pose Richard Bitzinger, chercheur invité à la Rajaratnam School of International Studies (RSIS) de Singapour (voir ici pour le document dans son intégralité).
Tout d'abord, qu'est-ce qu'un sous-marin anaérobie? Derrière ce nom barbare se cache un système de propulsion semblable à celui des sous-marins classiques (diesel electrique), comportant cependant une différence majeure: le système peut fonctionner un certain temps sans avoir accès à l'air extérieur (comme c'est le cas pour les diesel/electrique "classiques"). Pour faire simple, un sous-marin classique doit remonter à l'immersion afin de faire fonctionner un moteur diesel qui va recharger ses batteries. Avec l'anaérobie, le sous-marin peut rester plus longtemps à l'immersion, et devient donc moins vulnérable (pour les informations techniques, ce site est relativement clair).
Dans son analyse, Bitzinger pense que, sans totalement bouleverser l'équilibre des forces dans la région, ce nouveau type de submersible peut, à terme, poser problème. Si ces sous-marins sont moins detectables, ils sont aussi moins rapides. Dans cette perspective, l'usage que peuvent en faire les marines de guerre connaît ses limites. Pour l'instant, Singapour et la Corée du Sud ont fait l'acquisition de ce type de sous-marin. A terme, d'autres clients pourraient se faire connaître dans la région. A juste titre, Bitzinger insiste sur le fait que cette "proliferation" ne correspond pas à ce jour à une course aux armements.
Je rajouterais même qu'il s'agit de l'évolution que connaissent les marines de guerre asiatiques dans leur processus de modernisation. La diversification du matériel et l'acquisition de tels moyens peut par contre créer un climat d'anxiété stratégique. Ce concept, cher au analystes de la zone Asie-pacifique semble adapté pour décrire une large variété de situation dans la région. Par exemple, si la Corée du Sud décide de lancer un nouveau programe de destroye, le Japon, bioen qu'allié de Séoul, peut développer une certaine anxiété stratégique.
Dans le cas de l'Asie du Sud-Est, cette question se révèle particulièrement pertinente. Les difficultés à imposer une forme de coopération dans la région, les éternelles disputes territoriales sont des éléments susceptibles de cristaliser ces anxiétés stratégiques. D'autant plus que la plupart des pays sud-est asiatiques investissent une large partie de leurs budgets de défense dans leurs marines de guerre...
**/ photo: un sous-marin anaérobie sud-coréen aux côtés de l'U.S.S. Nimitz (source:http://www.defenseindustrydaily.com/)
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